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Un gilet en peau de zouzou
8 février 2014

J'aurais aimé aimer "Réparer les vivants", de Maylis de Kerangal

(Rien à voir avec le sujet du blog, et j'aurais aimé compléter ce billet, mais je ne le complète pas, alors, voilà, comme ça)

Je peux le dire, que je n'ai pas tellement aimé le dernier livre de Maylis de Kerangal ?

Je ne dis pas que je n'y ai rien aimé, elle a de belles phrases qui peuvent toucher juste.

Mais j'avoue que je me suis lassée du rythme effréné de ses phrases. J'ai bien compris le concept, la course entre le moment où un jeune homme se réveille plein de goût pour la vie jusqu'à la greffe de son coeur,après qu'il a eu un accident mortel, à une femme insuffisante cardiaque, précisément 24h après. Mais j'ai trouvé le galop de l'écriture un peu répétitif. Les personnages m'ont semblé manquer de chair, rapidement croqués, parfois seulement esquissés, mais du coup réduits à des figures. Je n'ai pas tellement compris les noms improbables (Cornelia x s'est-elle échappée d'un Agatha Christie ?), la répétition du nom de famille du jeune hommequand sa mère n'est appelée que par son prénom (Simon Limbres - tu l'as vue, l'association de l'ombre et des limbes dans lesquelles est tombé ce jeune homme qui n'avait pas quitté le foyer maternel ? Et j'ai peut-être - sans doute ?- loupé d'autres associations). Il y a bien sûr des moments émouvants - et l'auteure n'abuse pas des potentiels de pathos de la situation. Mais manque de chair.

On a vu le concept, le "style", les personnages rapidement brossés (ah, les fils aînés de la future receveuse qui sont à côté de la plaque quand le petit dernier, moins conventionnel, fait ce qui est important), une situation tragico-symbolico-forte (des parents qui perdent un enfant, les frontières de la vie : est-on mort quand le coeur bat encore ? La transmission d'un coeur), c'est soupoudré d'épices, un peu de sexe par ci par là, emballé c'est pesé.

J'imagine - peut-être ? que l'on peut être embarqué par le galop, l'intensité du sujet ?

J'avoue que j'ai décroché devant des clichés ("sec comme un coup de trique", qu'est-ce que je déteste cette expression) - et que j'ai eu une indigestion du champ lexical de la maîtrise : le surfeur, le chanteur, l'actrice, le chirurgien, chacun au sommet de son art dans la canalisation de l'intensité et son exercice dans la précision (à l'image de l'auteure domptant le bouillonnement de son écriture ?). Tout est contrôlé, conscient, parfaitement exécuté. Ennuyeux. C'est comme ça dans la vraie vie ? Je crois pas, hein. Ou ça n'est pas la seule manière de faire, de vivre, comme si le modèle de la maîtrise était le paradigme de ce qu'on cherche à atteindre. Arendt dirait qu'il n'y a pas que le faire dans la vie, il a aussi l'action - et que l'action excellente par excellence ce n'est pas l'action maîtrisée, c'est l'action juste. La danse avec l'imprévu, le hasard qu'on saisit, la chute qu'on évite ou avec laquelle on compose, les aléas et les rencontres, les ptits ratés et les grandes réussites, ou le contraire - mais surtout, la présence. Et là, la présence, je l'ai pas trop. C'est peut-être moi qui me suis absentée.

 

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